Il est midi, je suis assis sur un siège rouge carmin au terminal 2B de l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle. Je termine mon bol de taboulé lorsque la voix de l’hôtesse annonce l’ouverture des portes pour l’embarquement de mon avion. Tous les passagers à destination de Nice sont priés de se rapprocher et de sortir leur « boarding pass » et leur pièce d’identité.
Je me lève, je me joins à la file d’attente, et soudain, l’angoisse s’empare de moi. Je pense à mes biens dans le sud. Dans deux heures, je serai chez moi. Comment vais-je retrouver ma voiture ? Sera-t-elle toujours là dans le parking, à l’endroit où je l’ai laissée en début de semaine ? Et mon appartement, dans quel état vais-je le retrouver ? Et s’il y avait eu un incendie chez moi pendant mon absence ?
C’est ainsi que je me sens toutes les semaines depuis que j’ai récemment emménagé à Nice, à quelques heures de retrouver mon nouveau « chez moi ». À chaque fois, j’ai hâte de rentrer pour m’assurer que tout va bien. Dans l’avion, mon état émotionnel me rend incapable de me concentrer pour lire ou travailler. Mon intellect est paralysé par ma peur.
Aujourd’hui, j’ai dit STOP. J’ai décidé de ne pas me laisser envahir par cette angoisse. J’ai voulu changer mon état émotionnel, pour aller mieux et réussir à travailler sur mes projets. Pour ce faire, j’ai suivi le modèle SNSP, une démarche simple en 4 étapes.
Le modèle SNSP
Étape 1 : « S » Situation
J’ai ouvert mon application de prise de notes sur mon smartphone et j’ai commencé à remplir un tableau, décrivant la situation dans laquelle je me trouve chaque fois que mon angoisse survient :

Étape 2 : « N » Négatif
À cette étape, j’identifie et décris mon émotion désagréable. Je prends conscience des signaux physiologiques (battements de cœur, gorge serrée,…) puis j’écoute mon dialogue interne, cette petite voix qui me souffle à l’oreille que tout va mal. Je note tout cela dans mon tableau comme suit :

Étape 3 : « S » Stop
Ce STOP, je l’ai décrit plus haut, c’est le moment où je suis devenu observateur de mon propre comportement. C’est quand j’ai voulu diminué ma charge émotionnelle pour aller mieux.
Étape 4 : « P » Positif
Pour finir, j’imagine ce qu’un bon ami me dirait si je lui relatais mes pensées négatives. Au lieu de noter sa réponse dans le tableau, j’ajoute un pourcentage correspondant à la probabilité que le scénario que j’imagine se produise réellement. Dans mon cas, je note la probabilité que je retrouve mon appartement incendié et ma voiture disparue à mon retour sur Nice. Ensuite, je regarde ma situation avec calme et bienveillance, cherchant à basculer dans un état positif. Je note dans une quatrième colonne toutes les pensées positives auxquelles ma situation (le fait de rentrer sur Nice pour le weekend) me fait penser. J’évalue la probabilité que ce que j’imagine dans un état positif se réalise.

En réalisant ces 4 étapes, j’ai pu non seulement calmer mon état émotionnel, mais j’ai même basculé dans la joie. J’ai pu travailler sereinement durant la fin du vol. Dans une dernière colonne, j’évalue mon nouvel état émotionnel.
L’intelligence émotionnelle
Je suis coach Bien-être et Performance, expert en Intelligence Émotionnelle. On me demande souvent d’expliquer mon métier. Pour faire simple, j’accompagne les personnes et les entreprises à se sentir bien le plus souvent possible dans le but d’atteindre leurs objectifs. Je suis convaincu que des émotions mal régulées entravent l’intellect et qu’une personne qui se sent mal aura des difficultés à se réaliser.
En développant leur intelligence émotionnelle, mes clients acquièrent des compétences essentielles pour naviguer avec succès dans leur vie personnelle et professionnelle. Cela va de la gestion efficace du stress et de la résolution de conflits à la promotion de relations interpersonnelles positives. Une personne qui se sent bien émotionnellement est mieux équipée pour prendre des décisions judicieuses, établir des objectifs réalistes et maintenir une perspective optimiste, même face aux défis.
Pour les entreprises, l’intelligence émotionnelle au sein des équipes est synonyme d’une communication plus efficace, d’une créativité accrue et d’une résilience face aux changements. Elle crée un environnement propice à la collaboration et à l’innovation, renforçant ainsi le potentiel de chaque individu et du collectif dans son ensemble.
L’EQ-I 2.0, le diagnostic du quotient émotionnel
Cette forme d’intelligence émotionnelle se travaille tout au long de sa vie, contrairement à la personnalité et au quotient intellectuel qui restent assez stables.
Pour développer ses compétences émotionnelles, il existe plusieurs outils qui permettent de poser un diagnostic du quotient émotionnel. En ce qui me concerne, je me suis certifié à l’EQ-I 2.0.
L’EQ-i 2.0, ou évaluation du Quotient Émotionnel (QE), est un outil de mesure qui évalue et analyse les compétences émotionnelles d’un individu. Cet instrument offre une compréhension approfondie de l’intelligence émotionnelle, comprenant des aspects tels que la perception émotionnelle, la gestion des émotions, les compétences sociales, et bien plus encore. Les avantages de l’EQ-i 2.0 résident dans sa capacité à fournir des informations précieuses pour le développement personnel et professionnel. En comprenant son quotient émotionnel, un individu peut améliorer ses relations interpersonnelles, renforcer sa résilience émotionnelle et optimiser ses performances tant sur le plan personnel que professionnel.

Quand je suis rentré chez moi, soulagé de retrouver ma voiture et mon appartement en très bon état, je me suis penché sur mes résultats du quotient émotionnel.
Je me suis rappelé que parmi mes points forts, j’avais le sens de la réalité assez développé. Dans mon rapport, il est écrit : « Il est peu probable que vous autorisiez vos émotions à fausser la réalité. Si une situation d’importance mineure se produit, il est peu probable que vous réagissiez de façon disproportionnée. Toutefois, dans certaines circonstances, et particulièrement en période de stress, vous êtes susceptible de déconnecter votre sens de la réalité et d’autoriser ainsi l’obscurcissement de votre objectivité. »
Ce rapport, que je feuillette souvent, m’aide à comprendre beaucoup de choses sur moi. Ce que ces lignes veulent dire, c’est que ce moment où je prends l’avion pour rentrer seul chez moi n’est pas d’une importance mineure, puisque mon sens de la réalité, qui est l’un de mes points forts en temps ordinaire, diminue considérablement dans cette situation. Ce rapport m’invite à m’interroger sur le stress que cette situation génère sur moi. Ce voyage apparemment banal vers Nice représente en réalité un nouveau chapitre de ma vie. Une décision que j’ai résolument prise il y a deux mois et qui, parfois, me fait peur. D’un tempérament optimiste, j’ai décidé de m’installer dans le sud pour démarrer une nouvelle vie, mais la peur que je ressens, alors que je chemine vers l’inconnu, m’indique un besoin de sécurité, de prévisibilité et de maîtrise. Fort de ce constat, à moi d’agir en conséquence pour nourrir ces besoins et aller mieux.
C’est ainsi que se manifeste l’intelligence émotionnelle.
Et vous ?
Avez-vous déjà expérimenté ce sentiment d’angoisse qui vous envahit dans certaines situations ?
Partagez vos expériences ci-dessous en commentaire. Décrivez vos propres stratégies ou posez des questions sur l’intelligence émotionnelle.
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